EMILE, l'enseignement scolaire bilingue

Qu’est-ce qui fait la réussite de l’éducation bilingue ?

Better Learning Conference de 2018 à Cambridge University - Conférence de Jane Mann

 

Le concept anglophone de CLIL : Content and Language Integrated Learning correspond à l’enseignement de matières dans une langue autre que la langue maternelle des étudiants. Le concept de CLIL a été créé par David Marsch il y a 25 ans. En français, le concept est appelé EMILE Enseignement de Matières par l´Intégration d´une Langue Étrangère.  

 Emile ou CLIL bilingue

L’historique des projets EMILE

Comenius, pédagogue néerlandais du 17ème siècle a déjà pointé qu’on passait à son époque "« 10 ans à apprendre le latin, avec des résultats très décevants à la fin". L'enseignement des langues a de tout temps été considéré comme potentiellement ennuyeux et déconnecté des réalités.

Le développement des projets d'EMILE s’est fait initialement au Québec, via des programmes en français pour les anglophones. L’Europe s’est ensuite inspirée du programme québécois, mais son objectif était partiellement politique, pour favoriser l’intégration européenne. Mais les programmes sortis de leur contexte ne fonctionnent pas toujours aussi bien que dans le contexte initial. Au Québec les anglophones étaient immergées dans un contexte francophone, ce qui a beaucoup contribué à la réussite des programmes. Alors qu’un élève français dans une classe bi langue ou internationale n’est pas immergé dans un contexte germanophone ou anglophone.

La Hongrie a ensuite joué un rôle pionner dans le programme EMILE européen, sous la pression de groupes de parents. La Finlande a repris le flambeau avec des programmes bilingues (suédois / finlandais, etc.), puis la Slovaquie. Certains de ces programmes ont rencontré de gros problèmes, notamment parce qu’ils étaient enseignés par des professeurs non natifs, ce qui a eu un impact négatif sur les taux de réussite.

En 1996, il y a eu un accord de collaboration entre le ministère de l’éducation espagnol et le British Council pour développer l’EMILE dans les écoles espagnoles. C’est actuellement un des plus grands programmes en Europe.

La France a suivi la tendance avec les classes bi langues et les classes internationales dont la survie a été menacée par Najat Valaud Belkacem, alors Ministre de l’Éducation et restaurées par l’actuel ministre.

 

Pourquoi créer des projets d'EMILE?

De nombreuses recherches sur la EMILE ont montré de grands bienfaits qui dépassent de très loin l’enseignement des langues.

Résolution de problèmes : Parce que la résolution de problèmes dans une langue différente emprunte nécessairement des chemins différents. L’enseignement avec l’EMILE a prouvé qu’il éduque à une panoplie beaucoup plus riche de stratégies de résolution de problème.

Meilleure orientation de l’information. Par ailleurs, les élèves bilingues ont prouvé qu’ils orientent leur attention mieux que les élèves monolingues. Les élèves bilingues choisissent mieux les informations pertinentes et sont plus douées pour gérer des informations complexes.

Fonctionnement multitâche. Les élèves bilingues sont plus doués pour le multitâches, et même en mathématiques, leurs résultats sont meilleurs (même s’ils n’ont pas étudié les math dans leur deuxième langue).

Mémoire long terme. Le bilinguisme favorise aussi la rétention dans la mémoire long terme. Ils sont plus résilients et se débrouillent mieux dans des situations ambiguës ou complexes.

 

Comment gérer les programmes EMILE?

La recherche montre que les enfants de migrants ont besoin de 3 à 5 années pour développer de la flexibilité dans leurs interactions dans leur nouvelle langue. Ils ont besoin de 5 à 7 année pour réussir à penser de façon plus abstraite dans leur nouvelle langue.

Se pose donc des questions essentielles.

  • A quel âge démarrer les programmes EMILE?
  • Combien de temps y consacrer ?
  • Comment former les enseignants ?
  • Comment adopter le programme à l’enseignement dans une autre langue ?

 

Les facteurs de réussite des projets EMILE

La volonté partagée des parties prenantes, et notamment des parents de développer le modèle EMILE. Plus EMILE jouit d’un soutien large de tous, parents, éducateurs, ministères, etc, mieux elle réussit.

  • La formation des professeurs

Il faut que les écoles donnent aux professeurs le temps et les moyens d’apprendre le vocabulaire technique dans la nouvelle langue, et surtout d’atteindre eux-mêmes un niveau suffisant dans la langue cible, d’aisance à l’oral, etc.

Il est essentiel que les professeurs se coordonnent de façon pluridisciplinaire pour que les programmes fonctionnent.

  • Les livres et les supports pédagogiques

EMILE a besoin de supports adéquats. Il ne s’agit pas simplement de la traduction en anglais (ou dans une autre langue) des supports français. Dans certains programmes EMILE, les livres ou leur absence ont été un obstacle au succès des programmes EMILE. Idéalement les livres doivent non seulement expliquer le sujet technique, mais aussi la langue employée pour bien fonctionner dans la matière enseignée. Les libres ont besoin de se focaliser sur une langue claire et simple, qui recycle (répètent) le vocabulaire technique, simplifie la langue, etc. Ces livres ont besoin d’une qualité supérieure d’illustration. Ils doivent introduire tout le vocabulaire utilisé dans les tests et examens, ainsi que des structures de phrase prévisibles et répétées, afin de simplifier l’apprentissage des élèves.

  • La cohérence du programme

Il est essentiel que toutes les composantes des programmes de EMILE soient pensés en détail et de façon cohérente. Les cours dans une autre langue ne doivent pas devenir un facteur indu de stress pour les élèves.

Les cours enseignés dans une certaine langue doivent aussi être évalués dans cette langue. L’apprentissage à utiliser la langue pour décrire la matière sont intrinsèquement liés.

Le temps consacré à l’apprentissage doit tenir compte des barrières de la langue, ainsi que de la distance entre la première langue de l’élève et la langue qu’il est en train d’apprendre. Ainsi, le Ministère des Affaires Étrangères américain estime qu’il faut environ 750 heures pour qu’un fonctionnaire apprenne bien le français, et 2200 heures pour l’arabe ou le japonais.

Il faut aussi introduire le programme EMILE au bon moment. Plus l’élève est bon dans sa première langue, plus il apprendra facilement la seconde.

  • La façon de conduire les projets EMILE

Une dimension pluridisciplinaire nécessaire

Il y a un risque que les élèves bons en math mais mauvais en anglais souffrent de l’apprentissage des maths dans une deuxième langue… Il faut que les profs puissent échanger sur ce type de langue.

Il y a un risque de surcharge des profs. Une étude a montré que 40% des profs en EMILE travaillaient trop. 

Il faut une excellente formation des enseignants

Donc une planification à plus long terme des programmes EMILE

Et une meilleure réussite des projets impulsés par les parents et les profs, plutôt que par les ministères, généralement trop court termistes et trop top down.

Pour réduire le turnover des profs, élevé au Royaume-Uni.

Il faut un bon management du programme

Bonne définition des programmes, des KPI, de la capacité à approfondir un mieux un nombre réduit de sujets.

Meilleur management du programme. Budgets pour les supports pédagogiques d’excellent niveau. Adaptation des outils d’évaluation.

 

Pourquoi c'est important pour la formation continue des adultes ?

Il existe des projets pilotes pour enseigner l'anglais conjointement avec celle d'autres compétences, comme le Business. Le programme Advanced English for Business de Rosetta Stone, utilisé par nos écoles, appartient à cette famille d'approches. L'anglais devient alors le simple vecteur d'une autre compétence, culturelle, qui touche à la navigation dans des équipes internationales :

  • Négocier en anglais.
  • Conduire des équipes en anglais.
  • Participer à des réunions en anglais.
  • Parler en public en anglais.
  • Etc.

Cette nouvelle tendance de l'enseignement des langues permet de conjuguer amélioration de l'anglais pour ceux qui ont déjà un niveau d'anglais B1 ou B2. Et ouverture à des compétences internationales immédiatement utiles.

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