Plébiscités mais... les profs d'anglais sont-ils en voie d'extinction ?

L'enseignement de l'anglais face à la réforme de la formation professionnelle continue. 

Un peu excentriques… sympas… Drôles (quoi que parfois à l’insu de leur plein gré)… Caricaturés au cinéma… Les profs d’anglais sont devenus des personnages à part entière de la société française.

Ceux de l’Education Nationale ont passé des diplômes exigeants et francophones (CAPES, CAFEP), très axés sur la grammaire et la connaissance de la langue. Leur grand handicap est de ne pas toujours savoir bien parler l’anglais. Ceux qui exercent dans des Ecoles de Langue ont généralement obtenu un des diplômes internationaux pour la formation à l’anglais deuxième langue : CELTA, TEFL, etc. Il s’agit de formations courtes (typiquement quelques semaines ou quelques dizaines d'heures) centrées sur l’approche conversationnelle. Ils sont généralement très appréciés des stagiaires qui leur reconnaissent de grandes qualités !

• Ils savent pratiquer ce qu’ils enseignent.

• Ils sont sympas, accessibles, communiquant.

• Ils sont authentiques, et représentent leur culture (le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie…) aussi bien que leur langue.

Webdesigner, responsable marketing, agent de voyage, photographe de mode, agent de sécurité, … Ces professionnels sont nombreux à avoir un point commun : ils ont exercé un autre métier avant d’enseigner l’anglais. 

Perspectives pour les profs d'anglais

Le prof d'anglais en formation professionnelle continue, la fin d'une époque

Les professeurs d’anglais sont plébiscités par les stagiaires des écoles de langue. Chacun voudrait le sien et si possible apprendre en cours particulier. Ou à défaut en très petit groupe. Ce qui s’avère de plus en plus difficile. Car le coût horaire des professeurs augmente, alors que les taux horaires des prises en charge diminue. Si l'on pouvait obtenir la prise en charge de cours particuliers d'anglais à 60 €, 70 € ou 80 € de l'heure dans les années 2000 - 2010, il faut désormais se contenter de plus en plus souvent 12 € 50 HT l’heure (tarif CPF 2019) et parfois 25 € ou 35 € de l'heure. Cela devient donc acrobatique de rémunérer un professionnel dont le coût de revient se situe entre 30 € de l'heure (Province) et 45 € de l'heure (Paris) Au-delà de la contraction en cours du marché des langues, ces professionnels subissent de plein fouet la concurrence des applis, des plateformes et des profs à bas couts implantés en Asie et ailleurs. Alors, sachant qu’ils ne peuvent guère se faire embaucher par l’Education Nationale, leurs diplômes n’étant pas reconnus, quelles sont les perspectives qui s'ouvrent à eux ?

Leurs pistes d'évolutions traditionnelles étaient les suivantes :

• se mettre à leur propre compte, pour ceux qui avaient la fibre entrepreneuriale. Cette voie est désormais obstruée par des barrières administratives de plus en plus élevées, rendant l’installation des jeunes de plus en plus ardue (datadock, administratif, etc.).

• quitter la France et partir exercer ailleurs au gré de leurs envies.

• évoluer vers d’autres fonctions ou retourner à leur métier d’origine.

Dans le même temps, leurs savoirs faire traditionnels sont fragilisés, car en décalage croissant avec les évolutions technologiques et financières du marché. Alors quelles perspectives pour eux demain ?

Avenir des profs d'anglais

Quelles évolutions des compétences pour les profs d'anglais ?

Au delà des pistes d'évolution traditionnelles évoquées ci-dessus, de nouvelles évolutions apparaissent et le métier de professeur d'anglais pourrait évoluer dans l'une ou l'autre des directions ci-dessous.

1) Prise en charge globale des cursus, qui sont de plus en plus composites. Les cours particuliers se font plus rares, les apprenants se retrouvent à faire, par exemple, un test de positionnement sur une Plateforme 1, + cours d'anglais business sur une Plateforme 2 + une prépa TOEIC sur une Plateforme 3 + 10 ou 20 heures en face à face avec leur professeur d'anglais...

Se pose alors la question de savoir qui pilote l'ensemble du dispositif ? Et pour peu qu'il soit un peu technologue, à l'aise avec le blended et l'apprentissage inversé, le professeur d'anglais est très probablement la personne la mieux placée pour être ce chef d'orchestre d'un nouveau genre. 

2) Coaching, didactique des langues, sciences cognitives, etc. Ces approches ont la cote auprès du public et elles le méritent, tant elles contribuent à aider les stagiaires à surmonter leurs blocages, apprendre et mémoriser plus vite. Par contre, leur technicité est élevée et passe nécessairement par des formations approfondies. Par ailleurs, ces approches entraînent un changement majeur de posture des professeurs, appelés à descendre de leur piédestal de "sachant" / "expert de la langue anglaise" pour se mettre à l'écoute et au service des projets des apprenants.

3) Spécialisation accrue. La plupart des professeurs d’anglais ont aujourd’hui un positionnement de généraliste. Ils savent enseigner l'anglais général et l'anglais business, préparer le TOEIC, les LINGUASKILL et les examens de CAMBRIDGE... Mais sont-ils vraiment au top niveau dans tous ces domaines ? Ont-ils vraiment décortiqué le TOEIC sont-ils capables de donner les conseils les plus avisés ? Savent-ils vraiment accompagner un cadre dans la préparation d'une négociation internationale ? Compétents, certes, aimables, incontestablement, les professeurs d'anglais ne gagneraient-ils pas à approfondir certains domaines de compétence pour devenir irremplaçables ?

Avenir des professeurs d'anglais 2

Un avenir réinventé

On peut donc imaginer que les professeurs d'anglais deviendront des mentors plus que des experts... Qu'ils s'ouvriront à des savoirs faire pédagogiques plus pointus que la simple approche conversationnelle enseignées dans les CELTA et TEFL. Qu'ils deviendront des experts en apprentissage inversé ou en anglais SMART, ... Et que dans cette mesure ils tiendront fièrement tête à toutes les appli gratuites qui déferlent sur le marché.

On ne doute pas qu'ils resteront sympathiques et adulés par leur clientèle.